Pourquoi je me suis lancé dans l’érotisme ?
Commençons par le commencement. Déjà, beaucoup confondent l’art pornographique de l’art érotique. Qui sont vraiment deux choses très différentes. Par avance désolé, mais un chat est un chat et je vais pas me lancer dans la métaphore chelou. Le consensus quand on parle d’art pornographique, c’est qu’il y a un acte sexuel. A l’inverse, l’art érotique, montre le sexe.
J’ai mis du temps à me lancer dans l’art érotique pour plusieurs raison, mais la principal était l’ignorance. L’art est politique, surtout quand il s’agit des corps et encore plus celui des corps des femmes.
Si j’ai longtemps été un ignorant, cela est du à cette imagerie problématique dont les américains ont imposé à la massue au reste du monde. À savoir des jeunes femmes qui ressemblent à des enfants, très jeune donc, très mince et sans poil. Avec un maquillage et une retouche toutes les deux abusives. Dans un décor minimaliste, avec une lumière froide.
Forcément, cette sexualisation pédophile est à vomir. Merci à ces abrutis de mâles blancs qui durant des années ont imposé avec une grande brutalité cette imagerie de merde.
Sauf qu’il n’y a pas que ce regard, il en existe d’autres. Au japon par exemple, l’érotisme est fortement lié à l’interdit. On va exclure d’office le lolikon. Parce que c’est un sujet complexe qui n’a pas sa place ici. Je parlerai ici de tous les autres arts érotiques japonais.
Je tiens à préciser aussi que ce que je vais parler, à savoir l’art érotique japonais, est aussi problématique. Rien n’est parfait. L’érotisme japonais est majoritairement celui d’hommes. N’oublions pas que le Japon après la seconde guerre mondiale a accentué une idéologie nationaliste capitaliste poussé à l’extrême ou les femmes n’ont pas leur place. Elles sont souvent considérées comme des objets.
Désolé de casser un peu l’ambiance mais je pense qu’il est nécessaire d’avoir du recul sur les cultures et ne pas virer fan aveugle. Bref, qu’est ce que l’art érotique japonais ? En photographie, on est surtout sur une mise en scène complexe. Cela va dans le choix du noir et blanc, son grain, etc. Dans la mise en scène, on peut être dans une chambre, un salon, en extérieur, etc. Pour les corps, il ne sont pas forcément nu, ils peuvent être habillé, attaché, caché par les ombres, etc.
A l’inverse des américains qui se concentrent uniquement sur le corps avec très souvent des gros plan chirurgical, les photographes japonais vont se concentrer aussi sur le décor dans le moindre détails. On va beaucoup jouer sur les lumières et les ombres, l’ambiance que dégage la pièce, les corps sont dans une mise en scène théâtrale, etc.
C’est cela qui m’intéresse dans l’art érotique japonais. En créant le décor du Passiflore, il est possible de créer un art érotique qui ne soit pas celui que l’on voit. C’est pour ça que j’ai démarrer Opioide Fog avec Laura.
C’est une personne qui a longtemps été ronde. Qui a accepté son corps et auquel cela ne lui a jamais posé le moindre souci. Un jour, elle a décidé pour elle même, sans contrainte, de vouloir maigrir. Et forcément, de son passé il reste un ventre mais cela ne pose pas de souci. Un corps est ce qu’il est. Il en existe une pluralité.
J’ai crée Opioide Fog dans le but de sexualiser des corps qui sont ceux de la vie de tous les jours. Mais avec un petit plus non négligeable. Là ou les photographes imposent une imagerie, les poses sont le choix volontaire de la modèle et ne viennent pas forcément de moi. Ils sont avant tout un dialogue entre la modèle et moi. En plus de montrer des corps de tous horizons, je pense qu’il est aussi possible montrer un érotisme différent.
Cependant, il faut mettre les choses aux claires. Sexualiser des corps dans une photo n’est pas un appel à aller draguer les modèles. C’est une mise en scène. Qui normalement est fait avec le consentement de la modèle qui accepte l’idée.
Voilà mon cheminement et oui, tout est politique dans mon art, rien n’est gratuit. Quand mes amis me disent en rigolant que je suis un râleur, c’est surtout que je ne supporte plus ce voyeurisme malsain de la part de mes confrères qui font du nu ou de l’érotisme en ignorant les enjeux.
Parce que nous, photographes, avons notre part de responsabilité dans le regard qu’ont les femmes sur leur corps mais aussi de ces gens qui regardent ces corps. Et autant chez les femmes photographes il y a de plus en plus d’engagées enragées autant chez les mecs, je dois être le seul à vouloir changer les choses.
Et franchement, c’est dommage. Fin bref, si vous avez la moindre question ou si vous voulez que l’on en discute n’hésitez pas.
Bonne journée tout le monde.
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